C’est le retour de mon canard bleu ! Aujourd’hui il a décidé de se promener en famille sur l’Erdre.
Promenade photographique
Cette fois-ci, j’avais bien envie de faire une promenade photographique au lieu de rester à un endroit précis. Le port de Sucé sur Erdre est propice à cela car il change au fur et à mesure qu’on se promène sur les quais. Et l’eau, avec ses ondulations, avec sa couleur qui change à chaque rayon de soleil ou nuage qui vient le cacher, passe d’un instant à l’autre d’une eau paisible à une ambiance inquiétante.
Ce jour-là, j’avais poussé ma balade jusqu’à l’autre rive où un saule pleureur me promettait un peu d’ombre. Arrivée sous celui-ci, l’eau devant moi m’apparaissait différente. Je le sais pourtant que notre vision est différente suivant l’endroit où on se place et le point de vue que l’on adopte, surtout depuis que je photographie, j’en ai pris pleinement conscience… mais j’en suis toujours étonnée. Toujours surprise de la différence entre ce que j’avais imaginé et la réalité de l’endroit.
Mais revenons à mes canards bleus.
En m’exerçant à prendre des photos de cette eau changeante, je faisais varier ma balance des blancs, le temps de pose, la composition. J’attendais la bonne lumière, celle que j’avais en tête pour ma photo. Tout se cale bien comme il faut, j’appuie sur le déclencheur… et qui je vois arriver ? Mes canards.
Au début, je râle ! Ils vont me faire rater ma photo ! Et puis, en fait, non… ils se promènent. C’est moi qui suis sur leur territoire, c’est à moi de m’adapter… Et si je faisais comme eux ? En laissant mes pensées voguaient au fil de l’eau…
Pourquoi faire de la photo ?
Je me laisse un peu porter, ne pensant à rien de particulier quand quelques jeunes filles sur le bord de l’eau, nous voyant passer armés de nos trépieds photos, me demande : « Pourquoi vous prenez des photos ? ». Je m’apprêtais à répondre avant même qu’elle ne finisse, car en général quand je déambule avec d’autres photographes arnachés d’appareils numériques plus ou moins gros, de multiples objectifs photos et de trépieds, on nous demande à chaque fois : « Il se passe quelque chose ? »
Vous savez ce que je lui ai répondu ? Parce qu’il se passe chose…
En fait non. Je lui ai dit que c’était par plaisir, que j’aimais ça. Mais c’est ce que j’aurais du lui répondre, car c’est vrai, il se passe toujours quelque chose quand met l’œil dans le viseur.
Et j’ai continué ma promenade photo avec cette question qui me trottait dans la tête… Pourquoi je faisais de la photo ?
En voilà une bonne question… Et en y réfléchissant, je pense que c’est exactement pour les même raisons que j’aime lire.
Je ne m’ennuie jamais avec un appareil photo, tout comme avec ce livre qui ne quitte jamais mon sac.
C’est une activité solitaire de prendre des photos. En cela, la lecture rejoint la photographie.
J’aime être seule en déduirez-vous ! Mais pas vraiment en réalité. Je ne compte plus les fois où on est venu m’aborder, me questionner sur ce que je faisais et pourquoi je le faisais. Ça incite à l’échange parfois. Et à d’autres moments, ça permet de s’isoler.
En photo, j’adore particulièrement le moment où je vois les gens me regarder, puis essayer de voir ce que je prends en photo…. après quelques allers et retours de tête (vous savez comme à Roland Garros !)… je vois bien qu’ils ne comprennent pas. C’est drôle. Ça m’a fait comprendre que je « voyais » des choses que les autres ne percevaient pas… avant d’avoir vu mes prises de vues. Un ami m’a dit quelque chose de très juste sur mes photos : « Elle voit les mêmes choses, mais avec d’autres yeux ». Ça résume mon mode opératoire photographique je trouve.
C’est une plongée dans l’imaginaire, mes photos illustrent le mien, celui des autres et celui des livres parfois.
Une plongée dans tous les mondes possibles, farfelus, anciens ou lointains. Laisser place à l’imagination. Par la photo, il est possible de donner sa vision des choses, de montrer à tous ce qu’ils ne voient pas dans leurs quotidiens alors que c’est sous leurs yeux.
Allez… ma déambulation photographique est terminée… Je vous ramène sur le rivage ?
